Crédit photo : Yves Suinat
« Le premier jour du reste de ta vie »
2017 : Après une pause d'une quinzaine d'années (enfants, rénovation maison, boulot...), je constate que le virus de la voile est toujours présent. Le cahier des charges de l'époque est simple : trouver un support vivant (plutôt sur une coque donc), pas trop sportif (on n'a plus 20 ans !!!), permettant d'initier à la navigation à la voile les membres de la famille volontaires et, si possible, de renouer ponctuellement avec la régate en monotype en respectant un budget contraint.
2018 : Après plusieurs mois de recherches et d'hésitations, je jette mon dévolu sur un « 4000 » prêt à naviguer (et à régater) ! Le bateau à l'air « fun », bien conservé pour son âge et plutôt bien équipé. Il n'est pas trop loin de la maison, son prix est abordable et l'association de classe semble dynamique.
2021 : L'objectif est atteint... Femme et enfants, chacun selon ses capacités et ses envies, naviguent régulièrement sur le bateau qui nous suit désormais lors de toutes nos vacances estivales. Mon fils a découvert la régate et semble y avoir pris goût. D'autres membres de la famille ont pu découvrir les joies du trapèze et des premiers plannings.
2022 : A ce stade, un constat s'impose... Dans mon entourage proche, il y a quelqu'un qui n'est encore jamais monté sur le « 4317 ». Quelqu'un qui n'a pas besoin que je l'initie à la voile et qui ne saurait se satisfaire d'une simple sortie « découverte » dans les Pertuis Rochelais. Quelqu'un qui au milieu des années 90 a cru en un projet un peu fou : celui de redonner vie à un club nautique sur un minuscule plan d'eau intérieur du Sud Vendée. Quelqu'un qui, à grands renforts d'affiches dans le hall d'un lycée, a réussi à fédérer une poignée d'adolescents (dont je faisais partie) autour de son projet et à les intéresser progressivement à la régate. Quelqu'un qui n'a jamais compté son temps pour nous prodiguer ses conseils, nous faire partager son expérience et nous transporter sur les plans d'eau tirant d'imposantes remorques à bateaux derrière une... lada (pour les plus jeunes, cf. illustration ci-contre) !!!
Quelqu'un à qui je ne pouvais donc proposer un autre projet que celui de renouer avec la régate après 25 ans d'interruption ! Quelqu'un à qui je confierais la barre du « 4317 » les yeux fermés et accepterais pour l'occasion de me muer en équipier. Quelqu'un que je remercie d'avoir accepté de participer au National 4000 2022 avec moi et de s'être prêté au jeu du compte rendu de régate auquel j'avais réussi à échapper jusqu'à présent à la faveur de règles de dévolution fluctuantes. Merci à mon barreur et beau frère... Merci Matthieu !
« Nos jours heureux »
3 juin 2022 : Après 4 « intenses » sessions d’entraînements à La Rochelle et une préparation logistique soigneuse, nous débarquons à Noirmoutier-En-L’île pour le Championnat de France des 4000 encore à la recherche de repères et d'improbables automatismes ! Dépôt du bateau et matage sur la superbe plage des Dames, petit verre de vin blanc d'accueil (merci Vincent), installation de la tente au camping, tout s'enchaîne parfaitement ! Les automatismes sont là !!!
4 juin 2022 : Confirmation des inscriptions, pesée de l'équipage, réglages des échelles, installation des gueuses (merci Micka), vérification du bateau, dernières prises d'informations sur la météo et le plan d'eau puis briefing vers 12h00. Rien ne semble pouvoir troubler les automatismes entrevus la veille ! Il n'y a plus qu'à attendre qu’Éole s’installe... Vers 14h30, la première manche est lancée dans un flux de nord/ouest de moins de 10 nœuds. Après un départ moyen en milieu de ligne, nous décidons d'explorer le côté gauche du plan d'eau lorsque nous sommes soudainement touchés par la Grâce ! A la faveur d'une rotation de 30 degrés à gauche, nous passons 4ème à la bouée au vent. La suite est une succession de revirements de situations qui n'affectera jamais notre position au sein de la flotte. Résultat, nous coupons la ligne en 3ème position après une dernière descente sous spi de folie. Si les automatismes sont moins présents sur l'eau qu'à terre, la chance des débutants est bien là ! Vers 16h30, dans un vent hésitant et en raison du risque orageux, le comité de course décide sagement de faire rentrer tout le monde à terre. Nous constatons que nous sommes finalement classés 4ème de l'unique manche de la journée ! Comme beaucoup d’équipages, nous n'avions pas pris en compte la réduction de parcours décidé par le comité de course. Et oui, on a encore du boulot pour se (ré)approprier les règles de course et leurs dernières évolutions !
« Le jour le plus long... »
5 juin 2022 : Retour sur l'eau dès 10 h après une belle soirée apéro, riche de rencontres et d'échanges avec l'ensemble des concurrents. La journée promet d'être plus « dynamique » avec 5 manches envisagées dans un vent oscillant de 15 à 20 nœuds de nord/ouest. Au fil de la journée, nous constatons que ces conditions ont progressivement raison de nos maigres automatismes sur l'eau. Les erreurs s'accumulent : refus de priorité avec réparation 360° (pardon Yvan !), dessalage entre deux manches qui nous fait prendre un départ avec 30 secondes de retard, nouveau dessalage au milieu d'une manche lors d'une refusante soudaine et pour conclure un doigt « scalpé » pour l'apprenti équipier ce qui a donné à la dernière manche une ambiance très « Dents de la Mer » ! La journée a été éprouvante pour nos organismes et le retour à terre est le bienvenu pour soulager crampes et douleurs en tout genre. Au final, les résultats (et le moral) sont en net repli (10, 10, 11, 12 et 13) mais sans doute plus conformes à notre niveau. Heureusement, les organisateurs ont bien fait les choses en offrant à l'ensemble des concurrents un repas convivial arrosé d'une bonne bière locale ... bien fraîche !
« The last day »
6 juin 2022 : Troisième et dernière journée de régate avec 3 manches dans un vent plus stable (en direction) de secteur sud/ouest d'environ 8 à 10 nœuds. La fatigue (physique et nerveuse) accumulée commence à se faire sentir. Malgré 2 jours supplémentaires de navigation en commun, nous restons à la recherche d'automatismes et de réglages permettant de gagner en régularité. Peine perdue ! Avec une manche de 14, une de 8 et une de 12, nous restons à la porte de la première moitié du classement.
« Le jour d'après »
7 juin 2022 : Retour au boulot après un super week-end de la pentecôte passé à user le fond de nos combinaisons (et nos nerfs aussi !!!) sur le 4000 n°4317. Les courbatures et la fatigue témoignent d'un séjour riche en émotions. A l'occasion de la proclamation des résultats, nous avons été « invités », non sans une certaine insistance, à rédiger le présent compte rendu. Naïvement, nous avions cru que notre 12ème place nous permettrait d’échapper à cet exercice qu'une règle coutumière affecte traditionnellement à l’équipage qui échoue au pied du podium. Comme nous ne sommes pas du genre à reculer devant l'obstacle, nous avons accepté de relever le challenge en racontant « notre aventure ».
Après 4 « entraînements » conjoints, nous sommes satisfaits du résultat mais un peu frustrés de n'avoir pas pu aller jouer un peu plus souvent avec le groupe de devant. Ce n'est que partie remise...
Nous félicitons Cédric et Anthony, les Champions de France de 4000 2022 ! Les regarder naviguer nous aura permis d'entrevoir le potentiel inexploité de notre 4317 et les progrès qu'il reste à accomplir à son équipage pour espérer jouer dans la première moitié de tableau.
Nous remercions le comité de course et les membres du Club de Voile du Bois de la Chaize pour la qualité de l'organisation !
Nous remercions également l'ensemble des participants pour leur accueil chaleureux et tous particulièrement Manu, Michael, Thomas, Yannick, Stéphan et Cédric pour leur bienveillance et la qualité des conseils dispensés tout au long du week-end. Nous en profitons pour leur souhaiter un Euro réussi en Italie.
Enfin, nous souhaitons une longue vie à cet équipage anglais qui nous aura donné une leçon de navigation en finissant 2ème de la régate. A leur contact sur quelques phases de départ nous avons pu observer leur calme, leur précision et leur maîtrise du bateau. Nous avons encore une sacrée marge de progression et souhaitons-le, quelques années pour y parvenir! John et Fran, vous avez forcé notre admiration !!!
Les beaufs du 4317...
Crédit vidéos : Richard Haladjian
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